RadioSouvenirsFM

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vendredi 27 juin 2008

Musique_Les ventes des disquaires en déclin



Il ne reste plus que 1000 jours avant que le disque compact ne cède sa place de principal médium de musique au Canada.

Selon une étude de la firme PricewaterhouseCoopers (PWC), la valeur des ventes de musique en ligne dépassera celle des ventes de CD en 2011.

Dans son rapport annuel sur l'avenir des industries des médias et du divertissement, PWC prévoit que la «distribution physique» de musique passera de 572 millionsUS en 2007 à 236 millions US en 2012. Cela représente un déclin annuel de 16,2%.

À l'inverse, la distribution numérique passera de 122 millions à 424 millions durant la même période, une hausse annuelle de 28,3%.

«L'économie de la musique change, commente Georges Tremblay, vice-président, produits, chez DEP Distribution. Mais personne ne sait exactement quelle forme elle prendra.»

«C'est clair que le format physique est en train de péricliter», ajoute M. Tremblay. De fait, les prévisions de PWC sont annoncées quelques semaines après qu'Apple eut dépassé Wal-Mart comme principal vendeur de musique aux États-Unis, selon des données du bureau d'audit américain NDP Group.

Ce même groupe avait aussi dévoilé que 48% des adolescents américains n'avaient acheté aucun disque compact en 2007, une hausse de 10 points en un an.

«La nouvelle génération n'apprend pas à acheter des disques, indique le propriétaire du disquaire indépendant L'Oblique, Luc Bérard. Je remarque que ma clientèle est plus vieillissante.»

Le gérant de la boutique Cheap Thrills, Guy Lavoie, souligne que les prix de ses CD, neufs et usagés, ont baissé. «On achète et on vend moins cher, les disques ont perdu de la valeur», dit-il.

L'engouement pour le téléchargement

Chef disquaire au magasin d'usagé L'Échange, Denis Turp remarque que des gens viennent vendre toute leur collection de disques qu'ils ont numérisée. Il est peu probable que ces gens achètent de nouveau.

«On voit que l'engouement pour le téléchargement est plus généralisé qu'il y a quelques années, dit M. Turp. Ce n'est plus seulement l'apanage de quelques initiés.»

Luc Bérard fait d'ailleurs remarquer que, dans les grands magasins, le DVD gruge de plus en plus d'espace au détriment du CD. C'est également le cas dans des chaînes comme HMV, où le CD était autrefois roi et maître.

Les disquaires plus spécialisés croient malgré tout pouvoir se tirer d'affaire. «Les ventes baissent peut-être moins vite que dans les grands magasins, parce que nous avons un marché plus ciblé», soutient Luc Bérard, qui se concentre davantage sur la musique indépendante.

«Dans ce créneau, c'est une autre mentalité. La clientèle est plus susceptible d'acheter.»

L'avenir du CD

Même s'il est en perte de vitesse, le CD ne disparaîtra pas de sitôt. Le Québec est d'ailleurs la province où il se vend le plus de disques par habitant.

Ce qui fait dire à Georges Tremblay que la prévision de PWC est peut-être un peu trop précoce dans le cas de la Belle Province.

«Au Canada anglais, le numérique représente presque 10% des revenus, mais c'est cinq fois moins au Québec.»

Il reste encore de bonnes raisons d'acheter un CD, font valoir les acteurs de l'industrie.

«Les pochettes sont de plus en plus intéressantes et les prix descendent», dit Simon Fauteux.

Raymond Trudel, propriétaire du disquaire Atom Heart, est du même avis. «Le prix des CD baisse tout le temps, alors que les téléchargements ne sont pas nécessairement bon marché.»

«Peut-être que le médium physique n'aura plus sa raison d'être pour la jeune génération, mais la génération des 40-50 ans va toujours rechercher l'objet physique, résume Denis Turp. On peut le voir dans le retour du vinyle.»

Le retour en force du vétéran 33 tours est un phénomène relevé par tous les disquaires joints par La Presse Affaires. De plus en plus de mélomanes recherchent ce support, ce qui laisse croire que le CD pourrait avoir un avenir semblable.

«Le CD va descendre pendant encore cinq à 10 ans, prévoit Guy Lavoie, de Cheap Thrills. Je pense que ça va remonter un peu après. Mais ce ne sera plus jamais la même chose.»

Source : La Presse Affaires Par : Hugo Fontaine

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