RadioSouvenirsFM

RadioSouvenirsFM

lundi 28 décembre 2009

Musique_ Jonathan Benassaya, le stratège en ligne




Jonathan Benassaya est persuadé que Deezer, avec ses 4,5 millions de titres disponibles, est «l'évolution ultime de la radio».
Cofondateur du site Deezer, cet entrepreneur de 29 ans est le héraut du téléchargement légal de musique.

Avant que Jonathan Benassaya n'entre en piste, les Français avaient quatre options pour écouter librement leurs chansons préférées : allumer la radio, s'inscrire dans une médiathèque, télécharger illégalement sur Internet ou se déplacer jusqu'aux bornes d'écoute de la Fnac. «J'ai créé deezer.com, un site financé par la publicité qui propose d'écouter 4,5 millions de titres quand on veut et sans se déplacer», résume cet entrepreneur de 29 ans, dont l'idée a séduit 7 millions de fans. Sur son site, les internautes ont le choix entre deux formules. L'option gratuite permet d'écouter sur internet depuis un ordinateur sa sélection de morceaux. Au bout d'un mois, la playlist disparaît. L'option payante (10 euros par mois) donne le droit de les charger sur son téléphone. Et ce jusqu'à la fin de l'abonnement. Si, ensuite, on veut garder ses morceaux, on revient vers le circuit classique : achat du CD en magasin ou sur les plates-formes payantes comme iTunes et VirginMega.

Ce brun élancé aux cheveux gominés n'oubliera pas le bras de fer qui l'a opposé, cette année, aux grands patrons des majors : Pascal Nègre (Universal), Thierry Chassagne (Warner), David Kassler (EMI Europe) et Christophe Lameignère (Sony). Pour que les titres de leurs artistes soient disponibles sur les téléphones, il a fallu négocier «très longuement». «J'ai dû trouver 6,5 millions d'euros pour payer le minimum garanti exigé et je dois leur reverser six des dix euros payés par les internautes», soupire Jonathan Benassaya. Persuadé que son site est «l'évolution ultime de la radio», il a aussi passé deux tiers de l'année à faire du lobbying. Dans les colloques, on le retrouve à la tribune aux côtés de la secrétaire d'État Nathalie Kosciusko-Morizet, de Didier Lombard (Orange), de Jan Wäreby (Ericsson), de Richard Whitt (Google)…

Il rêvait d'être «le JCDecaux du jeu vidéo»

Cette ténacité, il l'a héritée de son père, entrepreneur lui aussi. Quand il décède, en 1994, Jonathan a 14 ans. Pour financer ses études à Montpellier, il crée avec dix copains une PME de soutien scolaire. «On gagnait 10 000 euros par mois.» Étudiant à l'Essec, il réalise également des études pour les éditeurs de jeu vidéo. Persuadé qu'il est fait pour conseiller les patrons, il entre comme banquier d'affaires chez Calion. Mais claque la porte au bout de neuf mois pour créer encore une société : «Je m'étais aperçu qu'on pouvait mettre des panneaux publicitaires dans les jeux vidéo.» De Coca-Cola à Adidas, les marques affluent. Seul souci : en Europe, 80 % des jeux se font sur la console Xbox, dont le propriétaire s'appelle Microsoft. Celui qui rêvait d'être «le JCDecaux du jeu vidéo» doit céder son affaire à Bill Gates en avril 2006. Et s'envole aussitôt pour Shanghaï : «La Chine est le seul pays au monde sans console. Les amateurs se connectent à Internet pour jouer en ligne.» Jonathan Benassaya s'allie avec un ancien cadre de la télévision d'État CCTV. Neuf mois plus tard, il quitte Shanghaï sans regret. «Je n'ai jamais pu travailler dans un climat de confiance à 100 %. Là-bas, le carnet d'adresses est très important, il faut avoir un bon équilibre entre le business et le parti.»

De retour à Paris, il rencontre Daniel Marhely, créateur de Blogmusik, un site qui permet aux internautes d'accéder aux playlists d'autres internautes. Dépassé par son succès et surtout menacé d'un procès par les ayants droit, le site ferme. Jonathan Benassaya trouve l'idée bonne, il faut juste la mettre en conformité avec le droit et trouver un moyen de gagner de l'argent. Ainsi naîtra Deezer. Numéro 1 en France, le site doit désormais se développer à l'international. 2010 sera une année critique. Jonathan Benassaya aura à s'imposer face à Steve Jobs, le PDG d'Apple, et au magnat américain Sumner Redstone, qui contrôlent respectivement les sites lala.com et last.fm.

LIRE AUSSI

» AlloMusic.com, un Deezer nouvelle génération

» Deezer se convertit au payant

» Deezer lève 6,5 millions d'euros

Source : LeFigaro.fr Par : Marie-Catherine Beuth et Léna Lutaud

Aucun commentaire: