RadioSouvenirsFM

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mardi 24 novembre 2009

Web_Canada, Québec, Son assureur la surveille sur Facebook: «Je vais me battre»




Des photos de Nathalie Blanchard sur Facebook, où on la voit en train de s'amuser, viennent de lui coûter cher, dénonce la Granbyenne.

La jeune femme, qui souffre d'une grave dépression, soutient s'être fait couper ses prestations de maladie longue durée après que son assureur, Manuvie, est tombé sur les images en question. L'employée d'IBM n'en revient tout simplement pas. Elle considère qu'il s'agit d'une intrusion dans sa vie privée et que quelques photos, où on la voit souriante, ne peuvent justifier de lui enlever sa seule source de revenus.

Le 14 février 2008, Nathalie Blanchard quitte son emploi chez IBM pour cause de maladie. Son état dépressif, raconte-t-elle, l'amène à faire de l'insomnie et des crises de panique. Son médecin lui prescrit des antidépresseurs et autorise son arrêt de travail total.

Son assureur, Manuvie, accepte de lui fournir des prestations de maladie, à hauteur de 325 $, par semaine, soit la moitié de son salaire. Mais depuis quelques jours, elle ne reçoit plus rien. Elle se décide à appeler l'entreprise et n'en revient tout simplement pas de la réponse qu'on lui sert.

«J'ai parlé avec la responsable de mon dossier et elle m'a dit qu'ils avaient pris des photos sur mon Facebook, affirme la femme de 29 ans. Elle m'a même nommé des phrases que j'avais sur mon profil. Elle m'a parlé de photos où j'étais dans un bar et d'autres en voyage.»

Selon Mme Blanchard, la dame lui aurait clairement mentionné que ces photos seraient à l'origine de l'arrêt de ses prestations, car la compagnie la jugerait pleinement en mesure de travailler.

Nathalie Blanchard s'explique mal comment Manuvie a pu prendre en considération des photos prises sur Facebook pour lui couper les vivres. «Comme si j'allais mettre des photos dépressives sur Facebook!, s'offusque-t-elle. Mon moyen de m'amuser, c'était d'aller danser trois heures par semaine, car je n'ai pas les moyens de faire d'autres choses. Il y a plein de choses qui sont pas écrites sur Facebook, c'est ridicule.»

Elle soutient que son médecin l'a encouragée à se changer les idées et à voyager, mais qu'elle n'a jamais eu l'intention de profiter de ses assurances.

Dans une entrevue à La Presse canadienne, la jeune femme affirme ne nourrir aucune rancune envers Facebook et continuer à y écrire. Elle dit également n'avoir aucun problème avec les photos supposément utilisées par son assureur contre elle, incluant celles la montrant en train de s'amuser à un spectacle de Chippendales à son anniversaire et durant ses vacances au bord de la mer.

«Je ne vais pas mettre des photos de moi qui pleure sur Facebook! Je suis malade et je n'ai pas besoin que tout le monde le sache. Les amis qui ont besoin de savoir que je suis malade le savent et les 500 autres (amis) que j'ai sur Facebook n'ont pas besoin de savoir que je souffre de dépression.»

Manuvie se défend

Dans une déclaration au réseau CBC, Manuvie explique pour sa part qu'elle peut avoir recours à des sites comme Facebook. Mais elle affirme qu'elle ne mettrait jamais fin à une réclamation valable seulement sur la base d'informations recueillies sur ces sites.

Selon l'avocat de Mme Blanchard cité par le réseau, Me Tom Lavin, Manuvie lui aurait dit baser sa décision sur une réévaluation psychologique effectuée sur sa cliente. Celle-ci nie toutefois avoir été réévaluée récemment - la dernière fois remonterait au printemps.

Une bataille qui s'engage

En plus de lutter contre ses démons, Nathalie Blanchard se lance maintenant dans un combat à n'en plus finir contre son assureur et son employeur. «Je suis fatiguée, je suis à bout, mais je vais me battre. Je veux leur montrer que même s'ils sont gros, il y a des manières d'agir dans la vie», tranche-t-elle.

Son avocat, Me Tom Lavin a intenté une poursuite devant la Cour supérieure du Québec pour obtenir le rétablissement des allocations. «La cour devra décider dans quelle mesure cette invasion de la vie privée est justifiée», a indiqué l'avocat de Cowansville, au réseau CBC. «Je ne pense pas que Facebook est un très bon outil pour déterminer la condition psychologique de quelqu'un», a-t-il ajouté.

Le tour du monde

L'histoire de Nathalie Blanchard a fait le tour du monde après avoir été reprise par l'Associated Press, une agence de presse internationale. Hier soir, son récit était disponible sur des centaines de sites de nouvelles et avait notamment été traduite en allemand, en espagnol et en chinois.

Sur les forums de discussion en ligne, plusieurs internautes se sont déchaînés. Ils se demandent entre autres comment la compagnie d'assurances a pu mettre la main sur les photos de Mme Blanchard, alors que son profil est verrouillé et exclusivement accessible par son entourage. D'autres considèrent qu'il s'agit d'un cas probant d'intrusion dans la vie privée. Le débat entourant la confidentialité des données sur Facebook est relancé.

Source : CyberPresse Par : Étienne Fortin-Gauthier, La Voix de l'Est (Granby)

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