La multinationale acquiert Gracenote, banque de données qui connaît les coordonnées de tous les CD... grâce à vous.
DR | Collection de disques. Comment votre ordinateur fait-il pour afficher les titres lorsque vous lui glissez un CD? Grâce à Gracenote, base de données sur le Web alimentée par l’internaute lambda comme vous et moi.
Son nom est Gracenote. Pour la voir à l'oeuvre, glissez un album de musique dans votre ordinateur. Clic du chargeur qui se referme. Bruit de succion mécanique du dispositif qui happe le CD. Ronronnements discrets. Puis ouverture d'une fenêtre dans votre lecteur de médias (iTunes, Winamp ou autres) qui affiche le disque avec ses titres et leurs durées.
D'où vous viennent ces infos? Pas du disque lui-même. Car, aussi curieux que cela puisse paraître à l'ère de l'identification digitale généralisée, les morceaux de musique numérisés sur un CD ne contiennent pas d'informations sur leur identité. Alors? Les renseignements (qui peuvent très bien avoir été fournis au départ par un internaute lambda comme vous et moi) arrivent via le Web, en provenance du Gracenote Music Recognition Service, anciennement connu sous le nom de CDDB, ou Compact Disc Date Base. C'est un peu, si vous voulez, le service d'état civil de la musique.
Banque de données géante (six millions de CD, soit la majorité des albums digitalisés en circulation sur la planète), Gracenote est en train d'être rachetée par la firme Sony pour 266 millions de francs suisses. La transaction devrait être complétée fin mai.
Tout le monde participe
Comment ça marche? Par un procédé évoquant fortement le bricolage, mais néanmoins redoutablement efficace. Pour Gracenote, l'identité d'un disque est définie exclusivement par le nombre de ses morceaux et par la séquence de leurs durées. Rien de plus. «Il m'est arrivé deux ou trois fois un truc marrant», raconte POL, musicien électronique genevois et responsable du label digital Helvet Underground.
Quoi donc? «Par exemple qu'un autre musicien m'envoie un CD qu'il venait de graver lui-même avec deux ou trois de ses morceaux. Evidemment, la CDDB ne pouvait pas connaître ce disque. Mais visiblement, elle en connaissait un autre ayant la même séquence de durées. Une fois, elle a identifié un live électronique comme un single de heavy metal chrétien...» Rigolotes, ces anecdotes demeurent -rares. Assez, en tout cas, pour qu'on puisse considérer le système comme globalement fiable.
Mais comment Gracenote connaît-elle tout ça? Comme tant de choses sur le Web, la banque de données met ses usagers à contribution pour fonctionner. «Un jour, j'ai glissé dans mon ordinateur un CD qui était déjà sur le marché, mais dont les titres n'étaient pas répertoriés sur la base de données. En cherchant dans le menu Avancé, je suis tombé sur l'option Soumettre les noms des pistes du CD et j'ai envoyé les titres. J'étais très étonné de découvrir que n'importe qui peut contribuer», raconte POL. Un délai de 48 heures entre l'envoi et la mise en ligne des infos permet à Gracenote de se prémunir contre les farces (prendre l'intégrale d'Iglesias et rebaptiser l'artiste Julio Essuie-Glaces...). Si des erreurs subsistent, elles seront corrigées par le prochain venu, comme cela se passe sur Wikipédia.
Que fera Sony avec sa nouvelle acquisition? «Sans doute pas grand-chose, du moins dans un premier temps», avance le blog Macplus.net. Ensuite, la firme pourrait «proposer une fonction qui manque cruellement: trouver les paroles des chansons dans iTunes! Car pour le moment, il faut les copier-coller à la main et franchement, à l'heure d'Internet et des vols spatiaux pour touristes, on a fait mieux.»
Source : La Tribune de Genève
Aucun commentaire:
Publier un commentaire