RadioSouvenirsFM

RadioSouvenirsFM

samedi 26 juillet 2008

Web_Gros et laids, s'abstenir



De jeunes femmes blondes et brunes au décolleté plongeant. Des adonis musclés, affichant leur sourire le plus éclatant. Un seul et même lieu de rencontre, impitoyable, où la laideur est «catégoriquement» exclue: beautifulpeople.net.

Robert Hintze, président et fondateur du controversé site de réseautage, est arrivé à Montréal hier pour lancer la version québécoise de son site. Plus de 200 000 personnes de 16 pays y ont déjà adhéré depuis son lancement il y a six ans, et l'heure est venue pour les plus beaux spécimens de chez nous de tenter leur chance, dit-il.

Le concept est simple. Et provocateur. Les gens qui souhaitent s'inscrire doivent soumettre un profil avec photo, qui sera jugé par les membres pendant 72 heures. Les candidats jugés assez sexy (à peine un sur 10) seront acceptés dans le site. Les autres, rejetés du revers de la main.

Le site ne se gêne pas pour discriminer les «moches» et affirme répondre à une simple «demande honnête» du public. «Beautifulpeople.net nous a permis de créer une véritable réserve exotique séparant les guépards des hippopotames», indique l'entreprise dans un communiqué publié hier.

Diane Pacom, professeure titulaire au département de sociologie à l'Université d'Ottawa, juge le site web «barbare» et «scandaleux». Et inutile, dans une certaine mesure.

«Les gens beaux n'ont pas de difficulté à se rencontrer, c'est les gens laids les malheureux, dit-elle. Ce n'est pas nécessaire d'avoir un site de plus. Je vois ça comme un coup de marketing éhonté.»

Certains aspirants sont prêts à employer des mesures extrêmes pour accéder à beautifulpeople.net, a reconnu Robert Hintze pendant un entretien avec La Presse Affaires. Comme cette femme, qui a posé sa candidature 50 fois avant d'être acceptée... un an et demi plus tard!

«Quand elle a commencé, elle était laide, obèse, pas très attrayante, raconte l'entrepreneur danois. Au fil des mois, à force d'aller sur beautifulpeople.net, ça l'a ramenée à la réalité. Elle s'est entraînée et à la fin elle s'est fait refaire les seins. Puis elle a été acceptée.»

M. Hintze reconnaît que ce cas est extrême et ne donne pas un bon exemple à la société. Mais il rejette du même souffle les nombreuses critiques formulées à l'endroit de son site un peu partout dans le monde.

«Je crois que c'est hypocrite de nous critiquer, lance-t-il. Les gens qui font ça ne comprennent pas le concept. Le site n'essaie pas de définir la beauté. Ce qu'il fait, c'est qu'il donne une représentation précise des idéaux de beauté de la société.»

La sociologue Diane Pacom croit pour sa part que les sites web du genre font seulement refléter la réalité d'aujourd'hui. «Ce n'est qu'une transposition. On vit dans une société qui est brutale vis-à-vis des personnes qui ne correspondent pas aux critères esthétiques.»

Transaction en vue

Beautifulpeople.net n'est pas coté en Bourse et refuse de dévoiler ses résultats financiers. Pour l'heure, le groupe tire l'essentiel de ses revenus des abonnements de certains de ses membres (le site est gratuit dans plusieurs marchés). Une nouvelle plate-forme informatique permettra d'afficher des publicités dès la fin d'août.

L'entreprise est sur une lancée et suscite la convoitise de plusieurs «mastodontes médiatiques internationaux», affirme le fondateur Robert Hintze. Il se dit intéressé à vendre son site en tout ou en partie.

Source : La Presse Affaires Par : Maxime Bergeron

Aucun commentaire: