Spécialisé et passionné en développement des affaires: Radiodiffusion numérique, webdiffusion, radio corporative, radio thématique, nouveaux médias, logiciel d'automation radio, Des articles de diverses sources intéressantes sont classés sur ce blog en ordre chronologique. C'est ma passion que je partage avec vous depuis plus de seize ans!
RadioSouvenirsFM
dimanche 10 août 2008
Media_Médiosophie ? Par Michel BEDU
Médiosophie ?
Par Michel BEDU
A l’instar de Régis Debray qui inventa le terme « Médiologie », on peut imaginer que celui de « Médiosophie » préciserait davantage le rôle déterminant qu’ont désormais les médias, sur nos choix , nos opinions, l’organisation globale de nos existences.
La médiologie, nous dit Régis Debray, « a pour objet les faits de transmission ». Elle étudie « les médiations matérielles, les messages circulant dans la médiasphère », c’est-à-dire dans le monde qu’est devenu celui où nous vivons. Et qui forcément ont changé nos manières d’envisager ce monde. Ce sont ces nouvelles manières d’être et de vivre que j’appellerai « médiosophie ».
Une nouvelle sagesse ? Ou une déraison inédite qui s’est mise en place dans la seconde moitié du siècle dernier. Car qui dit médiosophie dit manipulation, dynamique d’influence, sans parade adaptée… Un exemple banal. Pourquoi voit-on couramment, chez nos commerçants et sur n’importe quel produit à la vente, la mention détachée en « cartouche » sur le paquet « VU A LA TELE », sinon parce que ces deux mots font vendre ? Le client ne prendra pas le temps de lire la liste détaillée des ingrédients destinée à le renseigner. Mais il achètera ce truc-là parce qu’il l’a « vu à la télé ». Anecdote ordinaire, mais qui en dit long sur nos réflexes conditionnés par ce genre d’appel.
De la même façon, par des moyens variés, expérimentés par les techniques publicitaires, on vendra un chanteur, un acteur (y compris l’acteur politique), bref ces multitudes de « célébrités » d’un jour ou d’une semaine – notre époque, vite blasée, est toujours en quête de renouvellement - pourvu que ces personnages aient été vus à la télé, relayée par la presse et la radio. De nos jours, qui n’a pas été « vu à la télé », n’a qu’une vague probabilité, perdue dans l’anonymat. Encore que cette existence éphémère, volatile se perde aussi vite qu’elle est arrivée. Sauf pour quelques personnes de qualité, qui ont du talent, de la ressource et quelque chose à apporter au plus grand nombre… On a eu jadis des assassins dont le mobile plus ou moins conscient était « d’avoir sa photo dans le journal ». Aujourd’hui, c’est plus vivant : on est vu à la télé. Un narcissisme puéril, entretenu par ces émissions-vérité, où chacun vient déballer le tréfonds de problèmes strictement personnels. Tous ces fonds de tiroirs intimes attirent une curiosité trouble qui identifie le spectateur au souffrant, au trompé, au malmené. Une cure psychanalytique condensée en deux heures par cobaye interposé.
Une caractéristique de notre époque, renforcée par cette puissance des médias, est que beaucoup de gens hésitent à décider, à résoudre par une réflexion indépendante, influencés par tel journaliste, telle série – roman photos d’un nouveau genre. Tuteurs ou guides de pensée ? Comme on avait jadis recours à un « directeur de conscience », qui, lui, vous conseillait personnellement. On saisit toute la différence… Un « meneur de jeu », un animateur est rétribué pour distraire, ou faire réfléchir une masse de gens anonymes, nos « chers téléspectateurs », qui sont tout le monde et personne. Que retirer à son propre usage de pareils divertissements ?
La médiologie a pour objet tout ce qui circule entre le monde et les hommes. « Dans l’infinie population des énoncés, nous avouons d’emblée un faible particulier pour la famille des messages », écrit Régis Debray, définissant le domaine médiologique. Notre propos ici renvoie plutôt à une certaine tyrannie de l’audiovisuel, à une « médiacratie », entrevue lucidement, dès les années 50, par Marshall Mac Luhan, prédicteur de la « Galaxie Marconi ». A présent, nous sommes confrontés à cette immense toile marécageuse, censée rapprocher les citoyens du monde… Est-ce bien sûr ? N’est-ce pas plutôt une illusion de plus dans une époque qui célèbre volontiers le collectif, mais ne pratique que le « chacun pour soi » ? D’où ce retour significatif des chercheurs de méditation, en quête de religions nouvelles, plus ou moins sectaires. Car, redisons-le, la vérité profonde ne se trouve que dans la solitude de soi-même. Qui n’est pas forcément ascétique ; mais plutôt une présence au monde, comme la voulait Nietzsche : « Ne pas s’attacher à une personne, fût-elle la plus aimée : toute personne est une prison et aussi un refuge… Il faut savoir se garder : c’est la plus forte preuve d’indépendance. »
Cette indépendance-là, notre temps l’a beaucoup rétrécie. La médiosophie ne cesse d’envahir notre quant-à soi avec les recettes de son prêt-à-penser. Parfois, c’est vrai, elle nous aide à combattre l’isolement maladif, le chagrin, la perte d’un amour, la vieillesse… On nous décrit le malheur des autres ; ça console un peu de s’être fait dévaliser la veille.
Notre environnement est ainsi fait : sachons en rester maître.
Source : L'Express.mu Par : Par Michel BEDU
Libellés :
Media,
média,
medias,
Médiologie,
Médiosophie,
nouveaux medias,
Radio,
radios,
Régis Debray,
télévision,
webauditeur,
webdiffusion,
Webradio,
websradios
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire