RadioSouvenirsFM

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mercredi 18 février 2009

Média_Pierre Gobeil n'est plus



(Granby) En mai 2000, quand le grand Maurice Richard est décédé, le président et éditeur de La Voix de l'Est de l'époque, Pierre Gobeil, a signé un texte dans ses pages racontant une excursion de pêche en sa compagnie. Loin au nord de Saint-Michel-des-Saints, il avait alors assisté aux exploits surhumains dont un Rocket vieillissant était encore capable. À la fin de son papier, Pierre Gobeil lançait un dernier message à celui qui était devenu, au fil du temps, un ami.

«Repose-toi bien Rocket et attends-moi, nous irons éventuellement à la pêche tous les deux, là où il y a d'immenses truites.»

Les deux grands hommes auront maintenant le loisir de partager une chaloupe à nouveau.

Samedi soir, Pierre Gobeil s'est éteint au Centre hospitalier de Granby au terme d'une longue lutte contre le cancer. Il était âgé de 75 ans. Outre son épouse Aline, et ses deux filles, Johanne et Michèle, M. Gobeil laisse dans le deuil de nombreux collègues et amis avec qui il a partagé sa vie notamment à La Presse, au Montréal-Matin et à La Voix de l'Est.

Serein

Pierre Foglia a été l'un des premiers à apprendre la nouvelle de son départ.

«Sa fille Johanne m'a appelé une minute après sa mort, raconte le chroniqueur de La Presse. Ce que je sais, c'est qu'il a passé moins de 24 heures à l'hôpital. C'est ce qu'il voulait. Il avait refusé les traitements et n'avait même pas arrêté de fumer. Même s'il était bouffé par quatre ou cinq cancers, il acceptait ce qui l'attendait. Il était serein.»

Amis depuis plus de 40 ans, les deux hommes se côtoyaient toujours, même si, raconte Pierre Foglia, tout les séparait.

«À chaque fois que je revenais d'un dîner avec lui je me disais: calice, comment ça se fait qu'on est encore amis, on n'a rien en commun. Mais c'est quand même le seul ami avec qui je ne me suis jamais engueulé. Pierre ne laissait jamais s'installer une chicane entre nous.»

Retraité depuis 2000, Pierre Gobeil était toujours aussi passionné d'actualité.

«Il a lu les journaux jusqu'à ce qu'il n'en soit plus capable, il y a quelques jours», indique le chroniqueur.

Foglia a passé une dernière soirée avec son vieil ami il y a environ trois semaines, à l'occasion d'un match de boxe.

«C'était De La Hoya contre je ne sais plus trop qui. Pierre était bien. Il faisait des jokes sur ce qui l'attendait. Il disait qu'il allait refaire le salon au printemps.»

Un personnage

«Pierre Gobeil, c'était un personnage, confie le restaurateur Philippe Plumet, qui a côtoyé le journaliste au cours des dix dernières années. On était tous les deux passionnés par la boxe. Ce devait être un des plus grand connaisseurs de ce sport au Québec. J'allais souvent chez lui pour regarder des combats»

Même si Pierre Gobeil avait une foule d'histoires à raconter et une feuille de route bien remplie, c'était un homme simple.

«Il s'intéressait au quotidien des autres, reprend M. Plumet. Quand on le rencontrait, il nous posait des questions sur nous, sur notre vie.»

Ce que retient surtout Philippe Plumet, c'est la sérénité et le courage avec lesquels son ami a affronté la maladie. À ses yeux, l'homme aura fait preuve de grandeur dans sa vie comme dans sa mort.

«Il y a huit mois environ, il a rencontré son médecin pour faire un bilan de santé. Il savait ce qui s'en venait pour lui. Malgré tout, il ne passait pas trop de temps à parler de sa maladie. Il disait ce qu'il en était et il passait à autre chose.»

Une délivrance

Même si elle est attristée par le décès de son époux, Aline Gobeil voit dans son départ une véritable délivrance.

«Il souffrait d'un cancer généralisé, dit-elle. Depuis dimanche dernier, il était très mal en point. Quand il est entré à l'hôpital, vendredi soir, les médecins nous ont demandé comment il avait fait pour tenir le coup aussi longtemps.»

Pierre Gobeil souhaitait s'éteindre à la maison, mais sa famille, à bout de souffle, l'a conduit au CHG où, moins de 24 heures après son admission, il est décédé.

«Il ne voulait pas aller à l'hôpital, comme il ne voulait pas être traité», reprend Mme Gobeil.

La force dont a fait preuve Pierre Gobeil durant toute sa maladie a inspiré ses proches et leur a permis d'accepter ce qui était devenu inévitable.

«Vous savez, Pierre avait 75 ans. Sa mort fait mal, mais ce n'était pas imprévisible comme s'il avait eu 40 ans. Heureusement, je peux compter sur l'appui de mes filles, de leurs conjoints et de notre petit-fils pour passer à travers cette épreuve.»

La famille de Pierre Gobeil recevra les gens au salon funéraire Girardot et Ménard, en fin de journée samedi prochain, pour souligner son départ en toute simplicité.

«Ce sera un 5 à 7 tout simple, sans fla-fla, avec du vin, de la bière et des sandwiches, indique Mme Gobeil. C'est ce que Pierre souhaitait. De son vivant, il aimait faire le party. Il souhaitait faire la même chose à sa mort.»

Source : CyberPresse

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