RadioSouvenirsFM

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jeudi 23 avril 2009

Média_ A l'heure du Net, peut-on être jeune et aimer la radio ?




Tous les jours, plus de 40 millions de personnes en France écoutent la radio. C'est un média qui jouit d'une bonne crédibilité parmi les sources d'information, devant la télévision, la presse écrite et le Web. C'est aussi un média de proximité : on l'écoute volontiers en voiture ou même dans la salle de bains. Mais la radio est-elle un média d'avenir ?

Les « moins de 30 ans » l'écoutent de moins en moins, alors qu'ils regardent toujours autant la télé que leurs parents, et sont de plus en plus connectés à Internet. Pour faire le point sur la question, le Groupe DESIR a invité à son dernier cocktail Stéphane Ramezi, directeur multimédia de Radio France, ancien directeur de la station Le Mouv'.

L'actualité est riche en bouleversements… pour les médias aussi. Depuis plus d'un demi-siècle, la hiérarchie de l'information n'avait pas changé : la radio créait l'information - Orson Welles annonçant l'invasion des extra-terrestres le 30 octobre 1938, sur l'antenne radio de CBS - la télévision la montrait le soir et la presse écrite commentait le lendemain.

Internet fait voler les schémas traditionnels en éclat

Avec Internet, ce schéma a volé en éclats : Internet est le premier média à dire, montrer et commenter. Les comportements changent eux aussi. Les sites gratuits comme Deezer, YouTube ou Facebook ne gagnent pas encore d'argent, mais ont déjà modifié en profondeur les habitudes des jeunes : on veut pouvoir consommer de l'image ou du son n'importe où, n'importe quand.

Les équipes radio passent progressivement d'un modèle linéaire, dans lequel tel programme est programmé à tel moment, à un modèle multisupport et à la demande. « Délinéarisé », il permet à l'auditeur d'écouter telle ou telle émission à n'importe quel moment, et surtout sur le support de son choix (PC, téléphone portable ou écran de télévision).

La radio serait-elle un média pour les plus de 30 ans ? L'expérience récente de la diffusion en podcast ou en streaming montre le contraire. C'est en en utilisant les supports qui leur sont les plus familiers que l'on peut mieux toucher le public jeune.

Ainsi, pour une même émission en FM avec un auditeur de 50 ans en moyenne, l'audience aura seulement 40 ans lorsqu'on met à disposition l'émission en podcast, et 35 ans sur téléphone mobile. Pour capter demain les moins de 20 ans, les groupes radio travaillent aujourd'hui sur la console de jeux.

L'équation gagnante serait de mettre l'expertise à disposition des publics sur différents supports. En trois ans, les chaînes de Radio France sont passées de 0 à 300 000 téléchargements de podcasts/jour. On parle aussi de désintermédiation : l'information n'est plus hiérarchisée par un directeur de l'information. Les nouveaux mots d'ordre sont : communautariser, échanger, partager. Est-ce la radio 2.0 ?

L'avenir par la radio numérique terrestre

La radio numérique terrestre
(RNT) est sans doute l'occasion d'un renouveau : à l'information seront associées des images, une meilleure qualité de son, de nouveaux services, des données associées etc.

Le CSA doit donner les résultats de l'appel à candidatures pour les fréquences, sans que cette nouvelle technologie ne modifie rapidement le paysage de la radio. La difficulté reste d'ordre économique. Un auditeur en podcast coûte marginalement beaucoup plus cher qu'un auditeur en FM : un émetteur hertzien représente un coût fixe, alors que le succès sur Internet oblige l'émetteur à acheter toujours plus de bande passante. Ces coûts ne sont pas compensés par les recettes de la publicité en ligne.

Face à ce défi économique, personne n'a pour l'instant trouvé de réponse. En Grande-Bretagne, le grand public s'est équipé moins vite que prévu en récepteurs numériques. On observe en outre un conflit de normes (DAB, DAB+ , T-DMB, DRM, DVB…) à l'échelle européenne, ce qui oblige le public à multiplier les récepteurs.
Qui vérifie l'information ? Qui sert de référence ?

La question des nouveaux supports ne doit pas occulter celle de la production et des contenus, bien au contraire. On dit aux Etats-Unis « content is king », le contenu est roi. Les grands networks qui résistent à la récession, actuellement, sont adossés à de grands studios comme la Warner ou la Fox, ou bien ont acheté des chaînes d'information au fil des années.

CNN, qui a inventé le breaking news, a pris la décision de l'abandonner pour se concentrer sur l'analyse et le reportage. Ce modèle d'information aura vécu une vingtaine d'années, avant d'être bouleversé par Internet.

Le problème posé par la profusion des contenus sur Internet, c'est celui du filtrage et de la hiérarchisation des contenus : qui vérifie l'information ? Qui sert de référence (lire à ce propos « Du vin au web 2.0, comment la sagesse collective se forme » sur notre blog) ?

Alors que les plus de 30 ans vont faire confiance à la marque (« France Info », « RTL »), les plus jeunes vont préférer un moteur de recherche, ou le filtrage de leur communauté. L'équation à résoudre est alors de rester une marque pertinente, tout en disséminant ses contenus sur le Web.

Les changements rapides qui affectent la radio, comme les autres médias, ont encore un impact politique. Bien davantage que la télévision, plus facile à contrôler politiquement, la radio est un média qui ravive la démocratie dans les temps difficiles : on pense à l'appel du 18 juin 1940 ou à Radio Free Europe hier, à Radio Okapi aujourd'hui au Congo.

L'humour à la radio connaît en ce moment un succès retentissant. Une webradio peut être éditée par une association ou un particulier. La radio, pas encore tout à fait un média 2.0, mais toujours un micro pour la démocratie ?

Source : Rue89.com
Photo : Orson Welles sur CBS, 1938 (source : Wikipedia, entrée « Orson Welles »)
Par Desir | Chercheurs et consultants en innovation

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