Par Guillaume Grallet
Le monde est sens dessus dessous, les patrons sequestrés, les banquiers démoralisés, et les Français dans la rue. Et pourtant, à moins d'une heure en avion de chez nous, près de Madrid, sous les ors de la principauté des Asturies, on célèbre cette semaine les 20 ans du web. Avec en guest star, Vint Cerf, un des pères du protocoles http, (ici comparé au Mick Jagger du Web), et, à ses côtés Tim Berners Lee, brillant british annobli par la reine d'Angleterre, pour être, avec le belge Robert Caillau, à l'origine du Web, la couche qui permet à l'Internet d'être une plate-forme d'échange comme jamais l'humanité n'en a connue.
Or qu'a t-on appris hier ?
- d'abord une douche froide: seulement 20% de la population mondiale est connectée à Internet. L'avenir se situe d'ailleurs, chez les pays émergents, dans le mobile.
- les problèmes de standard continuent pourtant de polluer le fonctionnement au quotidien du réseau. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, et les avocats sont, dans bien des cas, les bénéficiaires de ces petites gueguerres,
- enfin, malgré de longues discussions, il n'y a toujours pas d'accord sur qui doit être le pilote dans l'avion. Ou plutôt il y en a déjà un, seul et qui s'accroche, l'ICANN. Sous supervision américaine, celui ci ne veut aucunement laisser sa place à des représentants supranationaux, de l'Onu par exemple. Devenu trop stratégique le web?
"J'ai 20 ans. Je ne laisserai dire à personne que c'est le plus bel âge de la vie"... En observant l'évolution actuelle du réseau, Paul Nizan se serait sans doute inquiété de la multiplication des spams, comme de l'explosion récente des coûts de stockage... Le web, tel que nous le connaissons aujourd'hui n'est-il qu'une heureuse parenthèse?
Car la période actuelle est un peu l'équivalent des "trente glorieuses" de l'Internet : de substantiels gains de productivité, un accés inespéré à la connaissance à des personnes qui en étaient jusqu'alors exclues, comme le montre le lancement, cette semaine, de la formidable Bibliothèque numérique mondiale... A quand le krach? En effet, alors que le monde "réel" s'écroule, le web apparaît comme un joyau fragile. A condition de le protéger et savoir le faire grandir. Pourquoi en parle-t-on si peu ?
Source : Nos Futures, Le Blog High-Tech de Guillaume Grallet
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