RadioSouvenirsFM

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jeudi 20 août 2009

Média_ Jean-Luc Blain. Baroudeur des ondes



Il est le père fondateur du Festival du film insulaire de Groix. Dans une autre vie il a été grand reporter pour la radio et la télé. Aujourd'hui, Jean-Luc Blain passe tout doucement la main. Portrait d'une «grande gueule» qui ne rentrera jamais dans le moule.

Moustache fournie, large sourire, cheveux en broussaille, voix profonde, l'homme a de la prestance. Il en impose, mais ne se la raconte pas. Il vient vous chercher en 4x4 déglingué pour vous conduire au milieu de son repère, en forêt. À Groix, tout le monde connaît Jean-Luc Blain. Il vit à temps plein sur son rocher depuis neuf ans, quand il a décidé qu'il avait assez bourlingué. Neuf ans, c'est précisément l'âge du Fifig, le Festival du film insulaire de Groix, dont il est le père fondateur. Directeur depuis 2001, aujourd'hui il prend ses distances. Pas question de couper le cordon, mais le bébé a suffisamment grandi pour que d'autres prennent le relais. «Il est temps de transmettre». Transmettre et construire, les maîtres mots qui ont toujours guidé ce type hors normes. «À 46 ans, je me suis installé à Groix, cet endroit que j'aime profondément». Il venait de quitter son poste de directeur adjoint des antennes de RFO. «Je me suis retrouvé au chômage». Bien sûr, l'homme aurait pu facilement retrouver un autre travail, mais il n'est pas du genre à rentrer dans les cases. «Je voulais inventer autre chose». À Groix, on parle alors d'organiser un festival du documentaire. Jean-Luc Blain tombe à pic, son carnet d'adresses aussi. Pensez donc, 30 ans de métier comme journaliste et grand reporter à la radio et à la télé. La radio d'abord. À la mort de son père, il a 12ans. Il s'évade en écoutant José Artur. Pas vraiment doué à l'école, il devient attaché de presse pour une maison de disques. «C'est ce qui m'a permis de rentrer à la radio et de devenir assistant de José Artur, pendant dix ans et sans piston».

De la Mayenne à l'Afghanistan

Impossible de donner son pedigree tellement il est touffu. Un passage par RFI, une année aux Antilles, retour à Paris, à France-Inter comme spécialiste «conso», puis critique café-théâtre pour José Artur. Il passe 15 ans à la maison de la radio. La radio, une passion. «Je créais de l'image avec le son». En 1980, Radio-France lance ses antennes délocalisées. Il crée Radio-Mayenne. Puis retour à Paris et le grand reportage toujours, pour la radio, mais surtout pour TF1 et «52 à la une». Lui qui a toujours rêvé d'être un globe-trotter, il va être servi : «L'assaut de la grotte d'Ouvéa, l'Afghanistan en clandestin, Haïti et la fuite de Duvalier, les Khmers rouges, une interview des chefs de l'Ira, c'était fabuleux».

Accroché aux branches

Lassé d'avoir vu «autant de gens crever», lui, le cancre devient prof de journalisme. Il en rigole encore. «J'ai adoré, je transmettais un savoir». Un petit tour du monde à la voile pour couronner le tout et on connaît la suite. À Groix, il fait revenir tous ses copains pour le Fifig. Mais attention, ici pas question de faire dans «l'intelli-chiant. Le cultureux, j'aime pas». Festival engagé, «si on ne véhicule pas un combat ça ne sert à rien», le Fifig ne deviendra jamais un monstre avec ses vedettes. D'ailleurs, c'est lui qui fait encore les voix off du festival. «Quand la pension de famille devient grand hôtel, tu n'as plus la convivialité». Cette convivialité il la retrouve dans sa nouvelle vie qu'il tisse au Parcabout, au milieu des pins. Depuis un an, il est à la tête avec Cédric Chauvaud, mateloteur de renom, de «Chien noir», village de cordes tendu entre les arbres. «Je ne peux pas vivre sans faire fonctionner ma tête et mes pognes». Tout est dit.

Source : LeTelegramme.com
Par : Laurent Marc

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