RadioSouvenirsFM

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lundi 18 janvier 2010

Média_A la radio en Haïti : "Nadia Chaduc, si tu es vivante appelle au 3428-3218"



PORT-AU-PRINCE — "Messieurs dames bonjour, bienvenue sur Radio Caraïbes. Il est 08H00 à Port-au-Prince et nous allons encore passer la journée ensemble" : depuis le lendemain du séisme, la station émet depuis la rue pour informer la population et passer des annonces de recherche.

L'équipe de Radio Caraïbes, sur 94.5 FM, s'est installée sur un trottoir, devant l'immeuble lézardé qu'ils ont dû abandonner. Trois animateurs avec casques et micro sont assis autour d'une table noire sous le regard d'une trentaine de badauds, dont deux portent des tee-shirts "Barack Obama".

"Nous allons commencer avec les arrêtés officiels", déclame l'animateur Israël Jacky Cantave : "l'Etat d'urgence a été décrété jusqu'à la fin du mois". Et "du 17 janvier au 17 février", Haïti observera un "deuil national", en hommage aux victimes. Les communiqués sont signés du président d'Haïti, René Préval.

Mais l'antenne sert surtout à diffuser des messages personnels. "Allô Nadia Chaduc. Si tu es toujours vivante, appelle Kesne Camartiniere au 3428-3218", dit l'un d'entre eux.

"Je m'appelle Jocelyne Junie. Je suis bien vivante. Je suis soignée à l'hôpital de la Renaissance. Je voudrais que mes parents me rejoignent avec de la nourriture", dit une autre annonce.

Un père de famille est venu dicter son message de recherche à l'un des quarante employés de la radio. "Ma petite fille est égarée depuis l'événement. D'après ce qu'on m'a dit, elle est passée à la radio mais je ne la vois pas. Je vais passer un message. Quelqu'un l'a peut-être gardée", dit Jean-André Baptiste.

Un générateur électrique et la grande antenne rouge de la radio, toujours debout sur le toit de l'immeuble, permettent de diffuser les programmes, en français et en créole. Un employé, qui porte le maillot bleu de l'équipe de France de football, a posté sa voiture devant le studio improvisé pour permettre aux animateurs d'avoir un retour avec l'auto-radio.

"Nous sommes journalistes avant tout, donc il faut faire le boulot. Les gens attendent des nouvelles de leurs proches. Notre priorité a été d'expliquer aux auditeurs qu'il s'agit d'un tremblement de terre et pas de la fin du monde comme beaucoup le pensent", précise Israël Jacky Cantave.

"Ce n'est pas facile parce qu'il faut réunir tous les journalistes et qu'ils dorment dans la rue", ajoute-t-il.

La télévision posée sur la table est branchée sur la chaîne française "I Télévision". Les journalistes regardent les reportages sur Haïti qu'elle diffuse mais aussi un sujet sur Laurent Blanc, l'entraîneur de l'équipe de football des Girondins de Bordeaux...

De l'autre côté de la rue, les habitants de Port-au-Prince profitent du générateur de la radio et de ses multi-prises pour recharger une centaine de téléphones portables.

Plus loin, un homme qui marche dans la rue écoute sa petite radio noire collée à l'oreille, comme beaucoup d'habitants de Port-au-Prince croisés dans la rue depuis le séisme. A côté une femme prépare une marmite de spaghettis.

A deux rues de là, une autre radio, Radio Mélodie diffuse ses programmes sur 103.3 FM depuis des studios épargnées par les secousses.

"On a une vocation humanitaire parce que les gens se sentent abandonnés. A tel point que c'est le public qui nous apporte des gallons de diesel pour faire marcher le générateur. Je suis très fière de tout ça", déclare Elsie Ethéat, la directrice de la station.

Source : GoogleNews
De Stéphane JOURDAIN

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