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RadioSouvenirsFM
lundi 26 avril 2010
Média_Radio communautaire - La pépinière CIBL a 30 ans
Il y a trente ans aujourd'hui naissait la radio communautaire CIBL. Retour sur trois décennies d'engagement, d'information et de formation dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal avant le déménagement prochain au centre-ville.
Les émissions matinales des radios québécoises ont souvent des titres ambigus: C'est bien meilleur le matin (95,1 FM), Puisqu'il faut se lever (98,5, FM), Lève-toi et marche (CKOI, 96,9)... Celle de CIBL, le 101,5 Radio-Montréal, s'appelle Les Oranges pressées, tout simplement. C'est là, de 6h à 9h, qu'est donné le coup d'envoi des célébrations du trentième anniversaire de la plus célèbre station communautaire sur les trente-quatre que compte le Québec.
L'animateur Marc-André Carignan reçoit pour l'occasion tous ceux qui l'ont précédé au micro du réveil pendant trois décennies, dont Patrick Masbourian et Jean-René Dufort, devenus depuis des vedettes de la communication. Monique Giroux aussi. «Je dis toujours que CIBL c'est mon alma mater, raconte l'animatrice. J'ai un diplôme de secondaire 5 et j'ai décroché après deux mois de cégep en photo. Je préférais ce que la vie m'apprenait, et c'est à CIBL que j'ai appris et peaufiné mon métier.»
Elle a été recrutée par la station du boulevard Pie IX, fin 1985, d'abord pour des chroniques culturelles, puis à la barre d'une émission musicale, un dimanche matin sur deux, pendant six ans. Elle continue dans la même veine à la deuxième chaîne de Radio-Canada.
«CIBL, c'est un lieu de liberté et d'audace. À Radio-Canada, je fais en gros essentiellement ce que je faisais, avec 25 ans d'expérience et une paye en plus», dit Mme Giroux en riant. Elle rappelle que les généreux animateurs ou collaborateurs finissent par payer de leur poche pour acheter des disques ou se déplacer par exemple.
Des bénévoles, l'entreprise en compte des centaines, et ce n'est pas une image. Près de 5000 personnes y ont travaillé gratuitement depuis l'ouverture. Mieux: une quinzaine d'employés sont maintenant rémunérés, quatre fois plus qu'en 2005, parce que, franchement, la vie est belle pour CIBL.
«Il y a sept ou huit ans, la station était en faillite technique, mais, aujourd'hui, on se porte mieux que jamais», résume le directeur général, Éric Lefebvre. Il donne d'autres preuves tangibles: le budget équilibré de quelque 800 000 $; la hausse des ventes publicitaires de 400 % au cours des cinq dernières années; les 140 000 auditeurs fidèles par semaine.
Comment expliquer ce miracle de survivance et de régénération? Le jeune directeur Lefebvre (il a 31 ans et est en poste depuis cinq) parle de la gouvernance, et plus particulièrement de l'aide reçue de certains administrateurs chevronnés qui ont balisé les pratiques tout en recentrant la mission.
«En 2005, nous avons procédé à un vaste auto-examen, explique-t-il. Nous avons décidé de recentrer notre activité comme média de proximité. Elle est là, notre niche. Nous avons donc laissé tomber l'information nationale et internationale pour nous concentrer sur Montréal. La communauté se reconnaît dans notre radio qui la sert bien, mieux que jamais en fait.»
Chaque semaine, une trentaine de journalistes se relaient dans la salle de rédaction. À Terre des hommes, ce matin, à 9h, la collègue du Devoir Lisa-Marie Gervais et son équipe revisitent le Hochelaga-Maisonneuve d'il y a trente ans.
La station, demeurée francophone, ratisse très large. «Nous sommes une radio généraliste, explique le directeur. Il y a du rock un soir et de l'opéra le lendemain. Nous sommes aussi une radio intergénérationnelle. Sur nos ondes, il n'y a pas que des jeunes, mais des collaborateurs de tous les âges, de 17 à 79 ans précisément.»
Un modèle à suivre
C'est ce qui fait de CIBL «une radio-communautaire phare», selon la formule du professeur Richard J. Paradis, du département de communication de l'Université de Montréal. Il souligne que même le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes l'a présentée comme modèle à suivre lors d'audiences sur les médias communautaires, tenues en janvier dernier.
«La radio communautaire, et celle-là en particulier, a su s'implanter au Québec parce que, dès le départ, elle a compris comment se positionner par rapport aux radios commerciales, dit le spécialiste de ce média. Le choix de programmation de CIBL le reflète très bien: elle sert la communauté en donnant la chance à des musiques moins formatées, des informations de proximité et des nouveaux talents aux micros.»
Le défilé des anciens se poursuit toute la journée. À Paroles de femmes à 10h, Antoine Salina reçoit «de grandes dames de CIBL», dont Line Beauchamp, devenue ministre de l'Environnement. Le 4 à 6, en fin de journée, mue en 4 à 7 et reçoit les «porteurs de culture» de la station, dont les journalistes Alain Brunet et Pierre Thibeault et l'animateur comique Richard Z. Sirois, un ancien de Rock & belles oreilles, un autre sous-produit de cette pépinière. Guy A. Lepage, cela vous dit quelque chose?
La prochaine grande mutation viendra du déménagement de HO-MA vers le «carrefour des Mains», à l'intersection Saint-Laurent et Sainte-Catherine, dans le complexe culturel dit du 2.22 révisé à la baisse par le promoteur, la Société de développement Angus.
«Si tout va bien, le chantier ouvrira le 3 mai, explique le directeur. Nous avons besoin d'espace, et nous l'obtiendrons. Nous serons installés là à la fin de l'été 2011 et pour de nombreuses années à venir...»
AJOUT:
ARTICLE DU JOURNAL LA PRESSE DE MONTRÉAL par Nathalie Collard :
La radio communautaire est-elle encore pertinente?
Source : LeDevoir.com Par : Stéphane Baillargeon
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