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mardi 12 février 2008

Web_Québec, Canada, Capazoo au coeur d'une chicane de famille sur le Web




Un promoteur convaincant. Des millions de dollars en jeu. Et des personnalités connues, dont Paul Delage Roberge, Gilles Latulippe et Placide Poulin.

Dans une série en trois jours, La Presse Affaires brosse le tableau des projets du financier Luc Verville, qui attire la confiance des investisseurs malgré ses deux faillites personnelles.

Le dernier projet en lice est Capazoo World, une PME internet au coeur d'une vive dispute devant le tribunal.

En octobre 2007, c'est le lancement en grande pompe du site Internet Capazoo, le Facebook en devenir du Québec.

Télévision et journaux couvrent l'événement. L'homme d'affaires Paul Delage Roberge, le hockeyeur Aaron Downey et l'ex-gardien des Nordiques Daniel Bouchard s'associent au projet.

Quatre mois plus tard, c'est la consternation. Les deux principaux actionnaires, les frères Michel et Luc Verville, se déchirent devant les tribunaux pour le contrôle de l'entreprise, a appris La Presse Affaires.

Plus de 10 millions de dollars d'investissements sont en jeu. Michel Verville, l'instigateur du projet, affirme avoir été évincé de l'entreprise par Luc Verville et sa conjointe, Marie-Josée Bergeron.

Dans une requête déposée le 29 janvier, Michel Verville demande à la Cour supérieure d'intervenir et de nommer l'équipe de son choix à la tête de cette PME Internet (1).

Les relations sont à ce point tendues entre les deux frères que le 14 septembre 2007, quelques jours avant le lancement du site, Luc Verville aurait menacé de mort son frère, selon la requête.

Dans sa déclaration, Michel Verville affirme que Luc lui a dit: «Si je te trouve, je te tue.»

Capazoo est un site internet de réseautage qui s'apparente à Facebook. On s'y inscrit pour se faire des amis Internet, moyennant 25 à 35$ par année.

Son principal dirigeant, Luc Verville, a un historique d'affaires tumultueux, qui a rendu nombre d'investisseurs mécontents, dont l'homme d'affaires Placide Poulin et le comédien Gilles Latulippe, a appris La Presse Affaires (2)(3)(4).

Dans sa déclaration en Cour sur Capazoo, Michel Verville affirme avoir incorporé l'entreprise en mai 2006, après avoir longuement mûri le concept.

Son frère Luc est devenu associé en juin 2006 afin d'aider au financement du projet. Michel détenait alors indirectement 82% des actions et Luc Verville, 16%.

Or, à partir de ce moment, «Luc a rapidement profité de sa position dans Capazoo pour manipuler Michel et l'éjecter de la compagnie», soutient Michel Verville dans sa requête, qui n'a pas été prouvée en Cour.

Sportifs professionnels

D'abord, Luc Verville a recruté l'ancien joueur de hockey Darryl Shannon et l'ancien joueur de football Grant Carter comme investisseurs et employés clés.

Ces anciens sportifs professionnels ont eu pour mandat de recruter des investisseurs parmi leurs pairs.

Puis, Luc Verville et Marie-Josée Bergeron auraient fait valoir à Michel Verville qu'il devait prendre moins de place dans l'entreprise en raison de son casier judiciaire. S'il est actionnaire majoritaire, ce casier devrait être mentionné dans les documents de la Securities and Exchange Commission des États-Unis lors de l'éventuelle inscription en Bourse de Capazoo, selon la requête.

Michel Verville a été reconnu coupable de fraude au criminel en 1997 alors qu'il était entrepreneur en construction à Québec, a appris La Presse Affaires. Il s'est vu imposer une peine d'un an avec sursis, ce qui lui a valu 240 heures de travaux communautaires (5).

Au printemps 2007, selon la requête, Michel consent donc à céder la présidence de Capazoo, mais demeure le leader du projet. Par diverses manoeuvres corporatives, Luc Verville prend alors le contrôle du conseil d'administration.

Mais les choses s'enveniment avec la nomination chez Capazoo de deux dirigeants expérimentés dans le secteur de la pornographie sur l'internet.

Selon la déclaration de Michel Verville, ces nouveaux dirigeants insistaient pour inclure du contenu porno dans le site.

Le conflit atteint son apogée lorsque le conseil d'administration décide de congédier Michel Verville à titre de «producteur exécutif», le 1er octobre 2007.

10% de commission

Par la suite, Michel Verville se dit estomaqué d'apprendre que Capazoo verse 10% de commission à ceux qui recueillent des fonds des investisseurs.

Luc Verville, entre autres, a empoché environ 436 000$ de commission pour la période de 11 mois qui précède le 31 mars 2007, selon la requête.

Quoi qu'il en soit, Michel Verville plaide à la Cour l'urgence d'agir, car l'entreprise risque sa survie. Capazoo n'a que 10 000 membres, alors que l'objectif était d'en recruter un million avant les Fêtes, soutient-il.

L'entreprise a déjà coupé 50 employés, soit le tiers de son personnel, selon la requête. Elle a besoin de nouveaux capitaux, malgré les 10 millions qui y ont déjà été investis.

Michel Verville demande à la Cour supérieure que Grant Carter et Darryl Shannon soient destitués du conseil d'administration et que soient nommés, à la place, des administrateurs de son choix.

Il exige également d'avoir accès à la liste de tous les investisseurs recrutés depuis le 6 octobre, de même qu'aux documents financiers de l'entreprise.

Michel Verville demande également à la Cour d'autoriser Capazoo à poursuivre Luc Verville, Grant Carter et Darryl Shannon pour avoir détourné certains fonds des investisseurs avec le paiement de commissions.

Les propos de Michel Verville n'ont pas été prouvés en Cour. Joint au téléphone, l'avocat de Capazoo World, Marc-André Coulombe, affirme que les défendeurs vont âprement contester la véracité des allégués de Michel Verville.

L'avocat qui représente Grant Carter et Darryl Shannon, soit Mason Poplaw, affirme que «plusieurs des allégués ne correspondent pas à la réalité. Il y a des choses totalement incompatibles entre les deux versions», nous a-t-il dit.

Luc Verville n'a pas rappelé La Presse Affaires au sujet de la poursuite.

(1) Michel Verville et al contre Luc Verville et al, Chambre commerciale, janvier 2008, 500-11-032 389-088

(2) Poursuite pendante de Plarida contre Stéphane Rail et TD Securities, Cour supérieure, Beauce, 350-17-000 053-044.

(3) Jugement de la Cour supérieure, Longueuil, Nathalie Tardif contre Olivier Latulippe, février 2007, 505-17-002 084-053.

(4) Poursuite pendante de Hermann Cloutier contre TD Evergreen et al, Cour supérieure, Québec, 200-05-016 533-023.

(5) Jugement de la Cour d'appel, Michel Verville vs La Reine, août 1999, 200-10-000 528-97

Source : La presse affaires

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