Interview de Eric Schmidt, PDG de Google, à l’occasion de la présentation du plan « Clean Energy 2030 », qui vise à réduire rapidement et drastiquement le recours aux énergies fossiles.
Tout faire pour détourner les Etats-Unis du charbon du pétrole, réduire l’usage de l’essence dans l’automobile de 40%, veiller à l’efficacité énergétique des nouvelles constructions, taxer le carbone et encourager financièrement le développement des énergies renouvelables… Le plan « Clean Energy 2030 », dévoilé en début de semaine par le PDG de Google, est ambitieux. Son montant se chiffre en trillions de dollars.
Dans une interview, la seule donnée à la presse française, Eric Schmidt revient sur les motivations de ce plan. Si ces bonnes résolutions doivent contribuer à « sauver le monde », à réaliser à terme des économies substantielles et à créer des emplois qualifiés, elles permettront aussi à Google de consommer moins d’énergie et d’améliorer son image de marque.
Pourquoi annoncer un tel plan énergétique aujourd'hui?
Car c’est, moralement, le bon choix. Nous ne supportions plus de voir tout le monde se plaindre de la situation énergétique et climatique sans pour autant proposer de solution précise. Il y a un plan. Nous l'avons présenté. D’autres, comme Al Gore, discutent aussi de solutions. Maintenant, il faut simplement décider si l’on doit ou non le suivre pour sauver la planète. De notre point de vue, c’est maintenant une question politique.
Je tiens aussi à préciser que ce n'est pas la première fois que nous abordons la question énergétique. L'année dernière nous avons annoncé un plan RE
Nos actionnaires y sont maintenant habitués. Quand j’ai rejoint Google, les fondateurs Sergey Brin et Larry Page faisaient déjà campagne pour l’hybride et l’économie d’énergie. Aujourd’hui, ce plan est une bonne chose pour les actionnaires, puisque nous allons économiser de l'argent en réduisant notre consommation électrique. Au passage, nous améliorons notre image de marque auprès du grand public qui, ne l'oubliez pas, constitue notre clientèle. Je ne vois pas d’effet négatif.
Quelle est la prochaine étape ? Construire des centrales, installer votre propre réseau électrique ?
Non, nous n'allons pas construire de centrale nucléaire. Nous allons d'abord investir dans des start-ups écologiques, actives dans les énergies renouvelables (solaire et géothermale), dans la création de réseaux électriques dynamiques et intelligents, et dans la réduction de la consommation énergétique, comme les compteurs intelligents. Nous serons à ce titre d’importants clients de ces sociétés, comme lorsque nous avons installé le plus grand système de panneaux solaires au monde.
Et puis, nous allons poursuivre notre propre stratégie de réduction de notre consommation. Déjà, nos centres de données consomment cinq fois moins d'énergie qu'un centre de données classique. Nous allons aussi intensifier notre action de lobbying auprès du gouvernement américain. C’était en substance le but de l'annonce de la semaine dernière avec General Electric.
Voyez-vous la Silicon Valley jouer un rôle dans ce renouveau écologique ?
Absolument. Les entrepreneurs de la Silicon Valley sont vraiment doués pour trouver de nouvelles réponses technologiques intelligentes à des problèmes de grande envergure. Et l'énergie est un marché aussi important que celui de l'information. Pourtant, il n’a pas encore reçu d’investissements conséquents.
Mais aujourd'hui, les investisseurs dans les « cleantech » poussent très fort. Reste à connaître le montant des fonds nécessaires. Les « cleantech » sont-elles plus proches du modèle du web 2.0, qui requiert un faible investissement initial, ou de celui des semi-conducteurs, où l’investissement est beaucoup plus important et le cycle plus long ? Je crois que c'est plus la seconde option qui semble se dessiner.
Source : Lexpansion.com
Propos recueillis par Jean-Baptiste Su
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