RadioSouvenirsFM

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dimanche 21 décembre 2008

Média_Tollé contre la suppression de programmes en langues étrangères à RFI



Lorsque la direction de Radio France internationale (RFI) a annoncé, le 24 octobre, une "réflexion" sur la suppression des programmes dans six langues (allemand, albanais, laotien, polonais, serbo-croate et turc), la réaction a été immédiate.

En Allemagne, en Pologne ou en Russie (RFI devrait y être diffusé uniquement sur Internet), des pétitions ont recueilli des centaines de signatures en quelques semaines pour sauver ces programmes en langues étrangères. Des protestations diplomatiques ont même suivi : le maire de Berlin et plénipotentiaire pour les relations franco-allemandes, Klaus Wowereit, a écrit au directeur de RFI, Alain de Pouzilhac. Des intellectuels comme André Glucksmann ou l'ancien dissident soviétique Vladimir Bukovsky ont signé une pétition pour le maintien du russe sur les ondes radios, parce que "ces émissions sont le seul vecteur russophone dont dispose la France pour porter les valeurs de la démocratie dans l'espace post-soviétique".

Pour la direction de la radio, les audiences dans ces pays seraient décevantes, et il serait nécessaire de dégager des moyens pour développer les programmes tournés vers l'Afrique et le Proche-Orient, zone où RFI aurait perdu des parts de marché, comme l'expliquait Alain de Pouzilhac, le 10 décembre dans Libération. "Mais la direction ne nous a jamais présenté aucun chiffre" proteste une journaliste de la rédaction allemande, qui dit "être dans le flou total sur son avenir". "Nous faisons en permanence des études d'audience, à Berlin, il y a 5 000 auditeurs", conteste Geneviève Goëtzinger, directrice déléguée de RFI, sans toutefois rendre publiques ces études d'audience. Face aux protestations, la direction de RFI semble quoi qu'il en soit vouloir temporiser et affirme désormais que rien n'est décidé.

RELATIONS SOCIALES TENDUES

Ces remous ne font que s'ajouter à un malaise plus général qui date de l'arrivée à la direction d'Alain de Pouzilhac et de Christine Ockrent, en juilllet dernier. Ce changement doit amorcer la prise de contrôle de RFI par la holding "Audiovisuel extérieur", qui chapeautera bientôt France 24, TV5 et RFI. Ce regroupement doit favoriser les synergies dans l'audiovisuel extérieur et permettre ainsi de réaliser des économies. Le budget prévu de la holding devrait accuser une nette baisse d'ici à 2012, de l'ordre de 30 millions d'euros.

Dans ce contexte, les rumeurs de plan social enflent dans les couloirs de la radio et les relations sont désormais très tendues entre les salariés et la nouvelle direction. Dernier exemple en date : l'intervention, mardi 9 décembre, d'Alain de Pouzilhac auprès du journaliste Frédéric Rivière, après une interview de Noël Mamère qui avait affirmé sur les ondes que "la présidence [de la radio] est incestueuse politiquement, puisque c'est l'épouse du ministre des affaires étrangères [Christine Ockrent et Bernard Kouchner] qui est en charge de l'audiovisuel extérieur de la France et donc de RFI".

La Société des journalistes a vivement condamné cette intervention que Geneviève Goëtzinger a justifiée en disant que Christine Ockrent n'est "pas présidente de RFI" [elle est directrice générale déléguée], et que cette "erreur aurait dû être relevée à l'antenne". Cette polémique ne fait que s'ajouter à une longue liste de griefs qui va de licenciements contestés à des propos jugés trop brutaux du directeur dans les médias. "La direction a installé un climat de peur chez les cadres et ne nous parle jamais de ses projets", assure un journaliste qui a préféré conserver l'anonymat. "L'ambiance est globalement bonne, on sent une véritable envie d'évoluer", affirme de son côté Geneviève Goëtzinger.

Source : LeMonde.fr
Jean-Baptiste Chastand

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