RadioSouvenirsFM

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lundi 2 mars 2009

Technologie_Numérique : Le futur aux trousses



Guide pratique d'une révolution

Des bulles virtuelles dans la rue, des ordinateurs qui comprennent vos questions, un environnement bourré de capteurs. C’est pour bientôt !

I l est midi, ce 17 février 2015. Vous êtes au bureau, et votre supérieur vous a chargé de finir la rédaction d’un contrat avant le déjeuner. Malheureusement, vous ne connaissez pas le titre exact du client, M. Martin. Vous posez donc la question à votre ordinateur : « Quelle est la fonction de M. Martin au sein du groupe X ? » Après quelques secondes de patience, un moteur de recherche vous donne l’information, sans que vous ayez besoin d’aller consulter un organigramme compliqué.

Sorti du bureau à 12 h 30, vous vous dirigez vers un restaurant à proximité, où vous devez retrouver un ami. Soudain, votre téléphone vibre et vous informe que l’une de vos connais­sances se trouve assise à 50 mètres à la terrasse d’un café. Il vous reste quel­ques minutes avant votre déjeuner et vous décidez donc d’aller saluer cette personne.

Quelques instants plus tard, vous voilà devant le restaurant où vous êtes attendu. Votre ami n’est pas là et l’établissement est fermé. Vous sortez donc votre téléphone portable, cliquez sur le mode “recherche de restaurant” et regardez la rue à travers l’objectif photo de l’appareil. Bientôt, apparaissent sur l’écran plusieurs petites bulles indiquant devant chaque devanture le menu du déjeuner.

Des comparateurs de prix disponibles sur téléphones portables

À côté, d’autres petites bulles laissées par des consommateurs vous ren­seignent sur la qualité du repas. Vous choisissez donc un restaurant qui vous plaira, sans crai­nte d’une mauvaise surprise. Arrivé un peu en retard, votre ami vous retrouve automatiquement grâce à la géolocalisation de votre téléphone.

Après le déjeuner, vous passez dans une supérette acheter une canette de jus de fruits. Prudent, vous scannez le code-barres avec votre téléphone. Un pro­gramme vous informe que le même produit coûte 20 centimes (d’euro !) de moins à 20 mètres de là. Vous sortez donc de la boutique, achetez votre canette chez le concurrent, la payez grâce au service bancaire de votre téléphone et la jetez dans une poub­elle publique après consommation. Pour vous remercier de ne pas l’avoir jetée dans la rue, ladite pou­belle crédite votre compte en banque de 10 centimes, comme pour une bouteille consignée…

Fabuleux ? Effrayant ? Pour la plupart, ces applications existent déjà, elles n’attendent qu’une commercialisation à grande échelle. Et certaines d’entre elles constituent une piste industrielle prometteuse pour sortir de la crise.

En pointe sur ces sujets, le Forum Netexplorateur s’est tenu les 5 et 6 février au Sénat pour récompenser les projets numériques les plus innovants de l’année. Ce rendez-vous annuel a été créé en 2008 par Martine Bidegain, spécialiste des ressources humaines, et Thierry Happe, expert en communication. L’occasion pour de nombreux décideurs, chefs d’entreprise, politiques ou journalistes de faire le point sur les avancées des technologies numériques dans différents secteurs.

Les notions abordées font parfois appel à un obscur jargon mais re­coupent cependant des notions assez simples.

Pour comprendre, il faut d’abord faire un peu d’histoire. Il y eut d’abord le premier Web, dit “Web 1.0”. Sur ce réseau, des informations étaient mises en ligne et accessibles à tous, sans ordre ni hiérarchie, les sources les plus fiables voisinant avec les plus fantaisistes. Le Web 2.0 fut développé dans les années 2000. C’est l’âge d’or de la création des blogs, des réseaux sociaux type Facebook ou MySpace et des jeux vidéo en ligne. Les internautes deviennent alors acteurs du réseau.

Le Web 3.0, en cours d’élaboration, est aussi appelé Web sémantique. Bientôt, les moteurs de recherche seront capables de comprendre le sens des mots et de répondre ainsi à des questions du type : « Où est la boulangerie la plus proche de chez moi ? » ou encore : « Qui était roi de France au moment de l’affaire des Poisons ? » Cette innovation est en passe d’être intégrée progressivement dans les moteurs de recherche, grâce aux travaux et recommandations du W3C, l’organisme qui développe les standards du Web. Ainsi, Google peut déjà répondre à des questions simples, comme : « Quelle est la superficie du Gabon ? » La réponse apparaît en première occurrence, ainsi que la ­source de l’information.

Pour le sociologue Bernard Cathelat, le Web 2.0 fut une révolution. Il cor­respondrait à l’affirmation du « droit universel à la parole individuelle ». Un moment où se crée une intelligence de masse, dépassant parfois les élites. Mais, pour ce spécialiste, le Web 2.0 est aussi symptomatique d’un divorce entre le monde réel, de plus en plus matérialiste, et le monde virtuel, où tous les rêves sont permis, tous les fantasmes possibles. On assisterait ainsi à un « suivisme passif » dans le réel, opposé à une créativité exacerbée dans le virtuel.

L’enjeu est donc d’utiliser dans le monde réel les énergies échappées dans le monde virtuel à travers les réseaux d’amis, les blogs et les jeux en ligne : il s’agit d’“enrichir le réel” en ramenant les talents et la création dans la vraie vie, dans les associations, dans l’entreprise, dans la recherche.

Mais la fusion du réel et du virtuel ­est-elle possible ? Peut-être… Il suffit de ruser en superposant ces deux mondes. À défaut d’une fusion, la firme japonaise Tonchidot a ainsi présenté au Forum Netexplorateur son projet phare : Sekai Camera. Celui-ci a été primé par le Forum comme l’un des dix meilleurs projets de l’année. Il se présente sous la forme d’une application pour smartphones. Une fois installé, le programme per­met à cha­cun de déposer des mes­sages virtuels, appelés “tags”, dans des en­droits précis.

Concrètement, l’innovation a de multiples utilisations. Ainsi, à la sortie d’une pièce de théâtre, chacun peut laisser son avis dans un tag, pour encourager ou non les spectateurs suivants à venir assister à une représentation. Un musée peut “tagger” les œuvres qu’il présente et donner ainsi la possibilité à chacun d’accéder à un descriptif plus précis sur son smartphone, en s’approchant du tableau. Un supermarché peut afficher ses promotions de la journée, en créant des tags sur son parking, etc.

Le numérique sortira des écrans pour devenir notre environnement

La cible du tag ainsi que sa durée d’existence et sa nature sont définies par l’émetteur. Ainsi, le tag peut être un texte, une image, un son, une vidéo ou les quatre en même temps. Il peut s’adresser à n’importe quel passant, mais aussi seulement à un groupe d’amis, voire à une seule personne. Ce programme traduit une véritable tendance : demain, l’homme entrera dans l’ordinateur. Ainsi, l’interface numérique ne sera plus un écran mais l’environnement physique de chacun.

Dans la même veine, plusieurs autres projets ont été récompensés par le Forum Netexplorateur, dans différents domaines. Tour d’horizon… non exhaustif.

Création américaine, Shopsavy per­met de scanner le code-barres d’un produit dans n’importe quel magasin grâce à son smartphone et de ­connaître les prix pratiqués dans les autres magasins du secteur sur le même produit… Révolutionnaire en temps de crise !

Aka-Aki, application allemande, transforme votre communauté virtuelle en lien physique grâce à votre smart­phone et vous permet de savoir si certains de vos amis sont dans votre environnement immédiat. Idéal quand vous avez une demi-heure pour aller boire un café… mais un peu intrusif pour votre vie privée.

Autre innovation résolument intelligente dans sa manière d’aborder un problème qui paraissait insoluble, Auditude est un programme qui parcourt le Web pour repérer les vidéos ou mu­siques piratées et qui, au lieu de tomber dans le tout répressif, ajoute un avertissement et une publicité sur le contenu. Un moyen de rémunérer les ayants droit, même sur des œuvres piratées !

Wizzit, qui a obtenu le grand prix Netexplorateur, est une « banque low cost exclusivement sur mobile, destinée aux populations pauvres non bancarisées d’Afrique du Sud ». Alliant technologie, solidarité et business, ce projet permet de faire entrer dans le système bancaire des populations qui n’y avaient pas accès du fait de l’éloignement entre les townships et les agences de centre-ville.

Enfin, New Songdo City est une ville nouvelle en cours de création sur une île artificielle en Corée du Sud. L’environnement y sera entièrement numérique. Par exemple, si une personne tombe au sol et ne se relève pas au bout d’un certain laps de temps, le plancher avertira lui-même les urgences.

Entre révolution au service de l’homme et cauchemar orwellien, cette ville laboratoire, première du genre, permettra de mesurer les avancées et les li­mites du système.

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Source : ValeursActuelles.com Par : Valentin Goux

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