Turbulente et inventive, la jeune radio parisienne fête ses 5 ans. Un relais essentiel de la vie étudiante.
Campus Paris, la radio qui court après le temps. Comme si sa jeunesse lui en refusait la maîtrise totale, la benjamine de la FM semble puiser dans la frustration de sa quête le carburant de sa redoutable énergie.
Du temps indomptable : Campus est entrée depuis cet automne dans sa sixième saison de présence hertzienne mais persiste aujourd’hui encore à fêter ses 5 ans avec une nonchalance assumée. Du temps contrarié : depuis septembre 2004, le CSA lui impose un partage de fréquence avec Vivre FM (douze heures d’antenne chacune), ce qui l’oblige à chaque intersaison à circonscrire sa créativité, à la condenser, ne livrant à ses auditeurs que les émissions aux concepts les plus aboutis – ou déraisonnables.
Du temps fragilisé, enfin : l’identité estudiantine de Campus la place de fait dans une instabilité existentielle. Être étudiant c’est être appelé à ne pas le rester, aspiré par d’autres horizons.
Même si une bonne part de ses cent cinquante bénévoles ne fréquente plus les amphis, il s’avère difficile pour la direction de pérenniser une émission sur plusieurs années, et a fortiori une grille. Impossible alors de tomber dans le confort. Mais Campus a joué de ces composantes pour s’affirmer comme une des stations les plus pétulantes de la capitale.
Dans une grille plus cohérente que par le passé, des ovnis sonores barrés (Radio Sympa, Distorsion, Pédilüv) côtoient des magazines culturels affutés (Extérieur nuit, Pièces détachées). L’offre musicale, la plus alternative de la FM à la gauche de Nova, cimente le tout, et se décline dans des thématiques (Les Chansons d’amour, Take/Cover, Grandpamini).
Si cette liberté formelle repose sur la capacité de l’auditeur à se laisser bercer entre sérieux et évasion, elle ne doit pas masquer la raison d’être de Campus : la valorisation des initiatives étudiantes. Un rôle social de passeur et de plate-forme informative qu’elle prend à coeur. Sans toutefois atteindre une efficacité maximale.
L’Ile-de-France compte dix-sept sites universitaires répartis en plusieurs dizaines de spots, sans compter les écoles privées. Difficile pour une associative aux moyens limités de toucher ce public dispersé et indocile. Sans communication de masse, mais multipliant les partenariats et les initiatives éducatives, Campus gagne du terrain.
Comptant sur 80000 auditeurs réguliers, elle a pu notamment au fil des saisons se positionner comme un interlocuteur crédible sur le champ politique. En témoigne sa couverture plutôt incitative des régionales. Cette reconnaissance n’allait pas de soi : bénéficiant des subventions et de locaux fournis par la mlairie de Paris, le doute planait sur son indépendance.
“Nous ne sommes à la botte de personne, cela serait contre-productif pour tout le monde, soutient la direction. Il n’y a pas d’ambiguïté : nous sommes citoyens et pas partisans. Personne ne serait dupe dans le cas contraire.” Les voix discordantes ont depuis semblé se taire. “Les auditeurs vieillissent en même temps que nous” assure-t-on ici. Allez, pas tant que ça.
Campus Paris de 17h30 à 5h30 sur 93,9. Radiocampusparis.org/
Sources : LesInrocks.com Par Pascal Mouneyres
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